Publié le 4 mai 2023

Portraits inspirants

A cheval sur le terroir

Eloïse Bethery et Bernard Michon ont 8 bourrins. Lors de notre journée Portes Ouvertes, le 21 avril dernier, ils ont investi notre potager avec deux percherons : Tizzy et Viaduc.

Sous nos yeux, ils sont quatre à travailler la terre. Au centre, Tizzy 16 ans et Viaduc 14 ans. 1,7 tonne à tous les deux. Les percherons sont impressionnants de confiance. A l’avant, Eloïse. Elle mène et guide les chevaux de trait comme personne. À l’arrière, Bernard s’assure du bon positionnement de la
charrue. Les pieds et les sabots dans la terre, ils avanc
ent… parfois à contrecourant, fiers d’incarner un métier trop longtemps tombé aux oubliettes.

Et le cheval de trait retrouva ses lettres de noblesse.

Mécanisation oblige, dans nos campagnes, le cheval s’est fait voler la vedette : pour entrer dans le rang, les agriculteurs ont finalement jeté leur dévolu sur des motoculteurs ou des engins beaucoup plus gros. Aujourd’hui, si les percherons sont revenus en force, c’est entre autres, grâce à la Bourgogne et à son modèle de viticulture de terroir. Convaincus par la nécessité de travailler le sol en douceur, sans le tasser et avec précision, plusieurs vignerons de renom ont fait appel au cheval, comme le faisaient leurs aïeux avant eux. Peu à peu, sous leur impulsion, le labour à cheval reprend du galon et le percheron s’invite de nouveau dans le paysage, suscitant, au passage, de nouvelles vocations.

Concevoir, fabriquer et utiliser des outils de traction animale

Qui dit traction animale dit aussi outils spécifiques comme ceux conçus par Eloïse et Bernard : « En 2022, nous avons fondé BMH pour Bethery Michon Hippomobile. Nous fabriquons des outils viticoles pour la traction animale et nous formons les futurs utilisateurs ». Des rencontres et des échanges essentiels pour le couple : « on peut se sentir bien seul dans ce métier. Tantôt perçu comme l’abruti du village qui vit dans le passé, tantôt comme le bobo écolo déconnecté de la réalité ! ». Grâce à l’esprit de communauté qui règne entre éleveurs et utilisateurs, Eloïse et Bernard reprennent les rênes de leur vie avec détermination.

Avant la création de BMH, elle était comptable dans l’Yonne. Lui, conducteur de travaux. Éloïse décide de lâcher son bureau et ses tableaux Excel pour faire du maraîchage avec ses ânes et apprend à mener les chevaux. Pour Bernard, l’histoire remonte à plus loin. Il s’est d’abord formé auprès de son père, paysan agriculteur et forgeron. Il réalise ses premiers cordons de soudure à 12 ans sur une petite pelle qu’il a conservé jusqu’alors, et développe une passion pour les chevaux auprès de celui de son père. En 1985, il « pète un câble », quitte son emploi et devient artisan métallier.

Remuer la terre, remuer la société

Comme nous l’explique Eloïse, « ce qui est dur, ce n’est pas le métier en luimême, c’est de constater la lenteur à laquelle la société se transforme, au vu des défis qui sont les nôtres aujourd’hui ». Malgré les doutes, le couple est plus motivé que jamais. Seul en France à être à la fois constructeur et utilisateur de matériel de traction, Bernard garde les pieds sur terre et son optimisme légendaire : « ce double métier a un avenir assuré ! Avec un cheval, on a un moteur 100 % écolo, fonctionnant en énergie renouvelable, reproductible, biodégradable… et qui en plus, fait du fumier. ».

 

Le 21 avril dernier se tenait la première journée portes ouvertes de l’Institut de cette année. Une vingtaine de personnes, intéressées pour suivre nos formations ou simplement curieuses d’en apprendre davantage sur le projet, ont découvert les différents espaces d’activités de l’Institut et ont eu la chance de rencontrer Eloïse, Bernard, Tizzy et Viaduc. Un grand merci à eux.

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